Celui qui dessinait les dieux by Alain Grousset

Auteur:Alain Grousset [Grousset, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
ISBN: 9782751107351
Éditeur: Scrineo
Publié: 2021-01-05T23:00:00+00:00

CHAPITRE 16

Le cours d’eau qu’ils suivaient depuis des jours s’élargissait à mesure qu’il recevait les eaux d’affluents. Désormais, il coulait plus mollement au milieu d’une longue plaine, ondulant par endroits tel un serpent tandis qu’à d’autres, il allait aussi droit que possible, pressé de retrouver la grande rivière.

Sag en tête, Maraa et Ibhô marchaient l’un à côté de l’autre, en ce début de matinée, face au soleil. Ils savouraient ce moment de quiétude. Cela faisait du bien de recevoir sur soi les premiers rayons qui vous réchauffaient le corps. La nuit avait été fraîche, et lorsqu’ils s’étaient réveillés, l’herbe était détrempée par une rosée abondante. Leurs habits de peaux s’en trouvaient mouillés, alourdis et désagréables à porter.

Ibhô était rassuré. Il n’avait aperçu aucune trace de leurs semblables aux alentours. Ils semblaient avoir réussi à semer ceux du clan de Maraa ; ou alors ceux-ci avaient renoncé à les poursuivre. Dans les deux cas, le résultat était le même : ils n’avaient plus rien à craindre. Désormais, ils pouvaient suivre leur chemin en direction de la Grande Eau.

Au milieu de cette plaine, ils décidèrent de faire un large détour à la vue d’un énorme troupeau d’aurochs paissant tranquillement une herbe bien verte. Il fallait se méfier de ces animaux en apparence paisible, mais qui pouvaient vous charger l’instant d’après parce qu’ils ne supportaient pas que vous soyez aussi près d’eux. Alors, autant ne pas s’exposer inutilement à un grand danger.

Une fois cet obstacle contourné, les deux jeunes gens reprirent leur route. Soudain, ils entendirent un grondement sourd et régulier. En se retournant, ils constatèrent que le troupeau s’était élancé droit dans leur direction.

— Vite ! s’écria Ibhô. Nous devons grimper sur quelque chose, sinon les aurochs vont nous piétiner comme des brins de paille !

Mais ils eurent beau regarder autour d’eux, ils ne virent aucun arbre, aucun rocher où se réfugier.

— Courons vers le torrent ! s’exclama Maraa.

— Cela ne les arrêtera pas, répondit Ibhô en s’exécutant malgré tout.

Les premières bêtes se rapprochaient dangereusement d’eux lorsqu’ils parvinrent au bord du cours d’eau. Sans hésiter, ils entrèrent dans l’eau, peu profonde à cet endroit, et gagnèrent le milieu de la rivière. Impossible de passer sur l’autre rive. Des aurochs l’avaient déjà atteinte et fuyaient, serrés les uns contre les autres.

Le bétail finit par se diriger vers eux. Dans l’eau, sa course folle se trouvait un peu ralentie. Sag aboyait furieusement, tandis que Maraa et Ibhô criaient en faisant de grands gestes. Ce concert de hurlements effraya finalement les aurochs, qui se scindèrent en deux pour les frôler. Tout le reste du troupeau défila devant eux sans qu’un animal ne les charge.

Qu’est-ce qui a bien pu effrayer ces redoutables bêtes pour qu’elles s’enfuient aussi vite ? se demanda Ibhô. Des lions, peut-être.

Une fois que la poussière soulevée par les animaux se fut quelque peu dissipée, le garçon eut la réponse à son interrogation. Pas très loin d’eux, une dizaine d’hommes cessèrent de faire de grands gestes pour affoler les aurochs. Pire, ils pointèrent leurs bois-qui-plient dans leur direction.

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